La Folie le guette, dans l'ombre, parcoure silencieusement ses veines sans se manifester. Mais elle est toujours là, omniprésente, quelque part dans son regard. Lorsque la Folie dort, Onyx est tout ce qui est de plus humain, peut-être un peu trop loufoque et excentrique, dans ses grands mouvements théâtraux pour amuser le public, son grand ami. Onyx est une pierre précieuse brut, pas encore très belle mais qui possède du potentiel; il faut encore la polir et la rendre luisante, prête pour orner une magnifique bague. Mais Onyx, pauvre cauchemar, ne réussira jamais à être poli: tantôt joyeux, tantôt pourrait-il être d'une humeur massacrante, le regard vide. Onyx pleure aussi parfois, comme s'il réalisait qu'il était atteint de la Folie et qu'il ne pourra jamais en être guérit. Mais il oublie bien vite et repart dans ses monologues.

Parfois le cauchemar explose, s'emporte. Dans ces moments-là, personne ne veut se trouver près de lui, quoique Onyx ne possède pas réellement d'amis. Personne ne peut comprendre la Folie dans son ensemble, toute sa complexité, les changements d'humeurs radicaux, comme s'il était atteint d'une forme de bipolarité. Mais c'est seulement qu'Onyx ne sait pas comment gérer ses émotions, ou du moins il en est incapable. Il est troublé psychologiquement, il ne sait parfois plus faire la différence entre le Bien et le Mal. C'est pourquoi, quand il perd le cap, mieux vaut ne pas venir vers lui, laisser cet excès passer calmement.

Onyx est comme un enfant qui a grandi seul, enfermé dans une cage, plongé dans la noirceur. Il est né de la peur de la solitude, du manque de lumière. Onyx n'a rien d'humain, il en a seulement l'air; il est un esprit errant, seulement à la recherche de la Raison, de la Sagesse ou seulement d'un peu d'Amour. Lorsqu'il fut libéré, il n'a pas su ce qu'il devait faire. La Folie est donc née.

 
« La vie à Horizon est-elle agréable ? » Onyx, petit cauchemar incompris, apprécie la vie à Horizon, sans préoccupation, il ne voit pas défiler son existence, il erre à la quête d'un but.
« Comment voyez vous vos rapports avec les Astray ? » Il adore les Astray, il aime observer leurs réactions lorsqu'il joue ses pièces et sa musique, il aime voir la surprise, l'appréciation ou alors leurs regards bizarres qu'ils lui jettent.
« Que pensez vous des Cross ? » Onyx aurait secrètement voulu être un Cross. Être la naissance de l'humanité et du rêve. Il les envie, il est jaloux; alors il les évite, ne leur adresse que peu la parole.
« Avez vous un avis à propos du Roi ? » Le cauchemar l'admire, comme la majorité des habitants, et il est probablement l'un des seuls qui puissent le prendre au sérieux, car Onyx est aussi dans cette incompréhension des autres.

Certains rêvent de tomber du haut d'un ravin et s'éveillent juste avant de s'écraser contre le sol. Ils sursautent, poussent peut-être même un cri. Certains rêvent à des monstres et tentent de fuir et alors qu'ils se font attrapés, se réveillent, se retrouvant soulagés de constaté qu'il ne s'agissait que d'un cauchemar.
Mais Onyx, lui, est né de l'un de ces cauchemars. Ce n'était pas de ces cauchemars passagers, mais bien de ceux qui persistent, hantent, effraient par leur réalisme. Il n'y avait pourtant qu'un seul visage, le plus horrible qu'il puisse avoir, et il tournait autour d'Onyx, il riait fort; il lui récitait tous ses défauts, il les répétait sans cesse. Égoïste. Misérable. Inutile. Fils indésiré. Lâche. Peureux.
Lorsque le Visage le rattrapait, il l'enfermait. Il faisait si noir. Si froid. Il était seul contre son pire ennemi. Le Visage, c'était le reflet de son autre côté. Vous savez, cet autre côté de nous-même que nous ne désirons pas voir, mais qui nous rattrape un jour ou l'autre. Onyx et le Visage ne faisaient parfois plus qu'un.
Et c'est de ce cauchemar qu'il est né, d'un côté il était presque l'humain effrayé, perdu, un peu trop fou, et de l'autre, le mauvais côté de tout être vivant.

Il était enfin né. Et il se retrouva, sans qu'il ne sache comment, à Horizon, il y a de cela plusieurs centaines d'années déjà. Bien vite, on remarqua son côté plutôt étrange, toujours à la recherche de quelque chose qu'il semblait avoir perdu. Oui, Onyx avait perdu sa Raison et il la cherchait sans arrêt. Parfois, il abandonnait et pleurait, seul sous un arbre, s'arrachant quelques mèches de cheveux. Parfois, il oubliait seulement de chercher et s'en montrait plus qu'heureux.

Mais rien ne pouvait lui retirer son unique talent, l'unique partie de lui-même qui resta inchangée pendant toutes ses années et qui lui valu une place de musicien au Burlesque. Son talent pour la musique. Il prit plaisir à apprendre la plupart des instruments, essayant tout ce qu'il pouvait trouver. Il se perfectionna cependant avec le saxophone alto, y apprit tout ce qu'il pouvait, et se donne maintenant en spectacle presque tous les soirs au Burlesque. La musique pourrait même être qualifiée de son seul but à Horizon. Sa seule raison d'exister.

Mais l'arrivée des humains, depuis peu dans son existence, le perturbe. Jamais l'on n'avait critiqué son côté loufoque ou son excentricité, mais pour ces nouveaux êtres arrivés à Horizon, Onyx pouvait être tout, sauf normal à leurs yeux. Il ne s'était jamais réellement senti jugé, parmi les siens qui pouvaient se montrer tout aussi étrange que lui.
Il se sentit encore un peu plus seul, enfermé. Rejeté. Mais Onyx apprit à les observer, à tenter de les comprendre de son côté. Certains venaient au Burlesque et pouvaient le voir jouer et c'est dans ces moments là qu'il pouvait voir leurs yeux s'illuminer; il ne le voyait plus comme étant un esprit errant, perdu et fou, mais comme un musicien et ils n'écoutaient plus que sa musique.

Et l'espoir est né à nouveau.
Oui, il restait encore un misérable cauchemar, mais il avait repris espoir sur son existence. Celle-ci avait peut-être encore un peu de valeur.