Instabilité.

Tantôt d'un calme anthracite, tantôt d'un excès fulminant, qui devient triste à mesure que les secondes passent. Sézane, elle passe du tout au rien. Des larmes au rires, de la jovialité au mépris, elle demeure imprévisible au possible.

Si elle peut-être vénal ou sadique, c'est rare, car ces changements résultent majoritairement de réactions. Elle est en revanche sujette à l'énervement, la violence ou la grandiloquence, selon les conversations. Si elle vous prend pour cible, ne le prenez pas pour vous, car elle ne vous hait pas. Pas plus qu'elle ne hait tous les autres en tout cas. Elle ne ressent absolument rien pour vous, rien d'autre que de la jalousie et de l'envie. Car vous, vous avez une vie. Et quand bien même vous ne l'avez plus, vous en avez déjà eu une. Sézane elle, elle est arrivée de nulle part, sans famille ni but, et voilà qu'elle jalouse tout ce qu'elle n'a pas.

Sézane pleure facilement, parfois par réelle tristesse, le plus souvent pour vous attirer dans ses filets. Attirer votre attention pour mieux vous importuner, c'est là un jeu dont elle se délecte. Bien qu'elle ne soit pas foncièrement mauvaise, tenter de sympathiser avec Sézane s'avère souvent vain, elle n'a aucun talent niveau relations humaines et est certainement trop lâche pour assumer d'être l'ami ou le compagnon de route de quelqu'un. Par ailleurs n'allez pas croire qu'elle est en tout point inoffensive, elle est bien trop obnubilée par la vie pour éprouver de la compassion pour un vivant. Vous qui avez une vie, vous qui avez connu l'amour d'une mère, le soutiens des amis, comment pourriez-vous être plus à plaindre qu'elle ?

Particulièrement imbue d'elle même, l'excès de sentimentalisme ou d'altruisme la répugne. Elle considère les autres comme un mal nécessaire, un divertissement.

A contrario, elle voue un culte idyllique au roi Céphée et ceci sans explication donnée. De ce fait, elle jalouse et méprise l'ensemble de ses proches collaborateurs. Souhaitant se rapprochée au plus près de sa majesté elle fit son possible afin d'obtenir un poste de domestique au château, et ce fut bien la seule chose qu'elle n'ai jamais réussite.

   

 
   « La vie à Horizon est-elle agréable ? » Il semblerait qu'elle le soit. Néanmoins, elle se fait longue, l'éternité, lorsqu'on demeure privé de vie à jamais.
   « Comment voyez vous vos rapports avec les Astray ? » Le chemin de l'acceptation est encore bien long. Jalousie, jalousie, quand tu me tiens. Il constituent cependant un sympathique moyen de divertissement.
   « Que pensez vous des Cross ? » En un mot : Abomination.
   « Avez vous un avis à propos du Roi ? » Céphée incarne sans aucun doute la perfection en tout point. Il est l'Unique.
   

C'était une éternité, c'était une seconde. Le temps filait, lui échappait et s’arrêtait à la fois. Elle avait envie de sourire, de bouder, de rire, de pleurer, d’exulter, d’exploser, sans même savoir tout ce que cela signifiait. C’était une myriade de couleurs et monochrome. C’était la lumière et c’était les ténèbres. C’était tout et rien en même temps. C’était contradictoire et logique. Paradoxal et dans l’ordre des choses. C’était un joyeux bordel dans sa tête, dans son corps. Et puis ça ne l’était pas.

Et ses paupières s’ouvrirent.

Les débuts furent difficiles, tâtonnants, chaotiques. Les premières rencontres lui laissèrent un goût amer sur la langue. Puis elle apprit qu’elle n’était rien de plus qu’un monstre. Incompréhension. Et l'éternité commença. Alors elle erra, sans but ni vocation. Elle erra à la recherche d'un morceau de vie, d'une destinée. Elle parcourut Horizon, s'émerveillant tantôt devant sa beauté. Elle parcourut Horizon, fulminant vivement contre son peuple disparate.

Ne trouvant pas d'explication à sa nature qu'elle considérait comme maudite, elle se prit d’antipathie pour ceux qui était capable de supposer des réponses, les Astray. Par défaut elle les prit pour cible, méprisant alors chaque parcelle de leur être. Avec sournoiserie et amusement elle s'attardait à les faire tourner en bourrique, dissipant ainsi le souvenir de sa piètre condition.

Puis, un soir de fête elle l’aperçue. Sa beauté, sa magnificence, la frappa de plein fouet et Sézane s’éprit du roi. Afin de se rapprocher de sa majesté, elle fit son possible afin de se faire engager au château. Se montrant sous son plus beau jour, c'est tout naturellement qu'elle fut employée en tant que serviteur. Ce n'était guère là un rôle très prestigieux mais il la comblait en tout point. Ayant connaissance comme chacun de la lubie du roi pour les humains, - lubie qu'elle jugeait bien évidemment ridicule - elle fit dès lors son possible pour cacher son aversion à leur égard, ruminant secrètement son éternelle jalousie.